La très pointue Galerie Martel, sise à Paris dans le 10ème, annonce sa prochaine exposition. Elle sera consacrée à Robert Crumb et se tiendra du mercredi 5 mai au samedi 5 juin 2010. On pourra y découvrir des dessins originaux de l'artiste américain. L'habitude que nous a donnée la galerie laisse imaginer un choix très intéressant d'oeuvres exposées.
Le texte de Jean Luc Fromental des éditions Denoël Graphic issu du dossier de presse :
ECCE CRUMBO
Depuis sa sortie en octobre 2009, La Genèse de Crumb a acquis le double statut de best-seller international et de classique instantané. Et hissé son auteur encore plus haut, si c’était possible, au Panthéon des arts graphiques. La mise en images du premier Livre de la Bible par le plus irrepenti des Pères de l’Underground a aussi, c’était à prévoir, suscité des débats enflammés. Pas toujours où on les attendait. Certains ont cru y voir une rupture, le renoncement de Crumb aux idéaux de blasphème, d’obscénité et de misanthropie qui, à leurs yeux, définissent son oeuvre. Outre qu’ils révèlent ainsi une lecture erronée, ceux-là se trompent sur la position de Crumb concernant ce dernier ouvrage, qu’il a inscrit dans le droit fil de tout ce qui l’a précédé. Depuis le début, des premiers élans priapiques de Zap Comix aux bouffées délirantes de Mr Natural, des Heroes of the Blues à ce Kafka qui soude idéalement la vie et l’oeuvre de l’anxieux de Prague, des facéties de sa Psychopathia Sexualis personnelle aux errements lourds de conséquences d’Adam et Eve, à quoi Crumb a-t-il consacré ses efforts et sa vie ? A la cartographie inlassable, rageuse et angoissée de l’Homme. Et de la femme, ajoute une voix malicieuse. De la femme aussi. Mais avant tout de l’étrange, périlleuse, anxiogène, exaltante,tragique condition humaine. Et c’est bien sous cette lumière, sous cet angle, qu’il convient d’aborder la présente exposition. Toute de corps et de visages, de portraits résumant à la figure humaine les époques, les atmosphères, les pulsions
invoquées, elle nous annonce qu’à travers Crumb Himself, voici l’Homme, Ecce Crumbo.
Quelques lignes sur Robert Crumb
Dès le premier Zap Comix, vendu à la criée lors du Summer of Love de 1967, Robert Crumb s’affirme comme un Père Fondateur de la bande dessinée underground. Sa réputation devient planétaire, propagée par une presse alternative en pleine effervescence. En France, c’est Actuel qui le révèle. Ses icônes, Mr Natural, Fritz The Cat, Mr Snoid, marquent l’époque et trois générations de lecteurs et d’artistes. Son oeuvre pléthorique se déploie dans divers registres, du grotesque au réalisme documentaire, du slapstick à l’autofiction. Il illustre Bukowski, Kafka, Sartre ou Philip K. Dick. Sa pochette du Cheap Thrills de Janis Joplin figure dans toute discothèque digne de ce nom. Grand collectionneur de 78 tours, il produit un nombre considérable d’images et de récits consacrés aux héros du jazz, du blues, de la country ou du musette. Son travail, ancré dans la tradition du folk-art américain, se nourrit également des grands maîtres, Bosch ou Bruegel l’ancien, dont il partage l’humour robuste et la puissance d’expression. Il vit depuis 15 ans avec son épouse Aline Kominsky-Crumb dans le sud de la France. Denoël Graphic a publié en 2005 son tout premier livre, dessiné à 19 ans, Yum Yum Book et en 2009, son tout dernier livre, La Genèse.
Jean-Luc Fromental
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